Adam et Eve, un désastre programmé (2)

(en avant première, voici le deuxième extrait du prochain livre de Pascal Kretchner)

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- Max, dejrais-te dire, c’est sérieux. Tâches de te calmer et de te concentrer sur ce qui nous préoccupe. Ce n’est pas le moment de lâcher le fusil des mains.

Métaphore guerrière de papa, qui passe avec facilité de l’allusion la plus extravagante à la littéralité la plus prosaïque. Entre les deux, rien.

- Ce n’est que du business, poursuit-il, ce n’est pas le moment d’en faire une affaire personnelle.

Alors voila ce que tu vas dire aux banquiers.

Le ton de sa voix change, et celui qu’il prend maintenant est d’une patience infinie.

Je ronchonne mais je tends l’oreille. Il pèse sa réponse et prend son temps.

- Dis leurs que notre entreprise va s’implanter dans cinq départements, que nous sommes riche d’une formule de vente nouvelle et réputée à travers le pays tout entier. Dis que nous sommes leader dans secteur d’activité. Nos clients comptent énormément sur nous. Nous savons où chercher ce dont les clients on besoins. Nous somme en relations avec tous les créateurs du prêt à porter qu’il est possible de concevoir à Paris, et certains même dont ils n’ont pas idée. Nous pouvons commander des costumes rue de Turenne, des manteaux rue du Temple, des canadiennes rue Notre Dame de Nazareth et faire fourrer l’intérieur par des machines en provenance d’Allemagne. Nous savons qui est fiable et qui ne l’est pas, qui est cher et qui est bon marché. Nous savons sur quel point précis redoubler de vigilance. Nous connaissons les pièges à éviter. Si nous n’existions pas, il faudrait nous inventer.

- Ah mon Dieu, dis-je faiblement, soudain en proie à une attaque de lucidité aigue. Je dis ça aussi ?

- Bien sur, Max. Alors comporte-toi en professionnel et rappelle-toi : ce qui marche le mieux, ce qui pousse les gens à se dépasser dans la vie, c’est encore le pur et simple besoin d’argent.

Il raccroche.

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Adam et Eve, un désastre programmé (1)

(en avant première, voici un premier extrait du prochain livre de Pascal Kretchner)


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- Tu veux vendre des costumes à crédit ? Demanda Samuel, peu convaincu. 

Il ne put s'empêcher de sourire ironiquement devant l'absurdité de cette idée. 

- Mais le crédit papa, c'est surtout adapté pour l’immobilier, comme les pavillons, les appartements, les fonds de commerce, à la rigueur les voitures, mais, pas pour des vêtements.

Mon père le regarda sans cesser de sourire.

- Tout va bien se passer, Samuel. Je ne vais pas entrer dans les détails. On va faire comme Dufayel avant la guerre dans leurs magasins. Ils vendaient des vêtements de travail aux ouvriers qui remboursaient en douze mois.                

Mon frère se tourna vers moi et me chuchota à l’oreille.  

- Décidément, le père a un problème difficile à saisir, c'est de plus en plus chiant.

-Tu crois? Rétorquais-je, la main devant la bouche, qu'il y a une saison particulière, ou une période du mois, ou je ne sais quoi, pendant laquelle papa a plus d'idées que le reste du temps ?

Autour de nous, indifférents aux bruits de la circulation, des discussions s’échangeaient, les consommateurs se parlaient, se racontaient des histoires. L'ambiance était animée, chaleureuse, joyeuse. Comment ne le serait-elle pas, le cauchemar de l'occupation n'était plus qu'un mauvais souvenir. 

Les promeneurs sur le boulevard Saint-Martin découvraient, toutes sortes de commerces - des librairies, des magasins de farces et attrapes, des boutiques de prêt-à-porter, des théâtres, mais, surtout, surtout des débits de boissons !

Et dans ces établissements, un choix illimité. Du vin, à emporter, à consommer sur place. Le bougnat voisinait avec le savoyard, lequel côtoyait  l'italien, le grec, le breton et son cidre. Les nations unis de la picole.  

Et si cela ne suffisait pas, on pouvait arroser son sandwich avec du pinard aux robinets des bars à vins, à moins de faire un tour chez l'épicier africain pour siffler un Baou-baou. 

Mon père disait que l'on s'enivrait rien qu'en passant sur cette portion du boulevard.

Le samedi la clientèle bruyante du café Métro se composait en majeur partie de "Greeners "

D’après les ont dits, ce substantif leur était attribués pour deux raisons en particulier. D'abord parce qu’ils avaient débarqués en France après la guerre et de ce fait, considérés comme des «Bleus». Ensuite, pour les vareuses de couleur vertes qu'ils avaient revêtus dans les camps nazis, à leur libération.

«De Bleu, en passant par Vert, pour arriver à Greeners» c’était  tellement tirés par les cheveux que ça pouvait être vrais. Les "Greeners" se retrouvaient donc, ici, tous les samedis, pour boire du thé, grignoter des tartines beurrées, manger des strüdels aux pommes, des gâteaux aux fromages et surtout, pour taper le carton, dans des parties de belotes interminables au fond de l’arrière salle enfumée. Autour des joueurs, les tables voisines étaient inoccupées, et formaient une espèce de périmètre de sécurité d’un rayon de deux mètres. Des clients de passages pénétrant dans le café, se poussaient du coude en les montrant du doigt avec amusement.

Mais le café Métro n’était pas toujours enveloppé de ces brumes nostalgiques. Il y avait aussi les piliers de bar, les emmerdeurs, les feignants et les tapeurs de toutes sortes, et des épouses désœuvrées qui papotaient et médisaient. Arnaqueurs et arnaqués se côtoyaient régulièrement le samedi, autour des tables et du comptoir.


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Une couverture en préparation !

Pour la prochaine parution : Adam et Eve, un désastre programmé les Editions du Champs de Mars a fait appel à la graphiste Daniela Bak qui a déjà réalisé les couverture de Changements Majeurs et Marchand de Biens.

Vous pouvez voir le travail de Daniela sur son blog.

Livre à paraitre : Adam et Eve un désastre programmé

Nous avons le plaisir de vous annoncer la parution prochaine de nouveau livre de Pascal Kretchner intitulé : Adam et Eve, un désastre programmé.

L'histoire se passe dans le milieu du prêt-à-porter, durant la période d'après guerre .

Pour vous mettre l'eau à la bouche, vous allez bientôt pouvoir lire ici des extraits explosifs !

Bienvenue à notre site, nouvelle formule !

Oui, comme vous pouvez le constater, le site des Editions du Champs de Mars a changé !

Notre site est à jour (notre dernière parution a été rajoutée) et un blog a été crée pour suivre l'actualité au fil des jours...

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Au plaisir de vous lire !

MARCHAND DE BIENS


Dos de couverture :


Martial rangea la Mercedes le long du trottoir et coupa le contact. Il enleva une main du volant et fit un grand geste vers la rue.

— On y est, Max.

Nous retînmes notre souffle, un moment, figés, comme ankylosés, balayant d’un regard plongeant la rue d’un bout à l’autre.
Martial se retourna vers moi et hocha la tête.
— Max, tu veux dire que tous les immeubles de la rue Littré sont à vendre ?

— Oui. Sauf l’hôtel et la poste.

— Putain, Max, redis-moi déjà comment ma vie va s’améliorer un de ces quatre ?
— Je ne sais pas, répliqué-je. Ça fait dix ans que j’attends une occasion pareille.

— Dix ans ? s’écria Martial. Tu peux dire vingt ans. Moi ça fait vingt ans que je me trimballe des gros cons de patrons pour des clopinettes. Maintenant il ne reste plus que moi.

— Comme gros con ? dis-je.
— Non, non, dit-il en écrasant son mégot contre le mur. Comme patron, bien sûr.

— C’est la loi du plus con, suggéré-je, en guise d’explication.

C’était à l’époque, comme aujourd’hui encore, ma dernière analyse sur le sujet.

Un marchand de biens n’est pas comme un industriel ou un banquier. Non. Ou il possède l’aura, l’aura de magie, l’assurance à l’épreuve du feu et l’invincibilité ou il n’a rien.

Quarante ans professionnels, quarante ans cahotiques, ça laisse des traces. Pascal Kretchner nous en donne un petit aperçu édifiant dans cet ouvrage.


Extrait court
Extrait long
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