L'ARTIFICE DE LA PROCEDURE A FAIT LONG FEU



Max Mitbarh, un marchand de biens parisien, se laisse tenter par une transaction qui lui semble de prime abord très alléchante. La perspective de gagner trois millions de francs lui grimpe comme une fusée le long de l’épine dorsale et traverse la base de son crâne où elle explose dans une lumière absolue.
Mais la lumière déclinera. La lumière décline toujours.
En professionnel confirmé, Max Mitbarh se rend vite compte que les problèmes s’additionnent et que l’équation n’obéit plus à aucune règle connue. Pris au piège, il est comme un explorateur parti vers les régions les plus désolées de la planète.
Les intrigues amoureuses succèdent aux querelles de pouvoir, les complots aux combines, à une vitesse ahurissante. Tout. Il y a tout dans ce contrat à tiroirs. Escroqueries, adultère, magouilles politiciennes, meurtres, sadisme, j’en passe et des meilleures.
— C’est votre karma ! lui dit Ruth Pigasse, la pulpeuse et mystérieuse propriétaire capable de lire l’avenir dans les lignes de la main.

Quarante ans professionnels, quarante ans chaotiques, ça laisse des traces. Pascal Kretchner nous en donne un petit aperçu édifiant dans cet ouvrage. La preuve, tous les personnages existent réellement, puisque c’est l’auteur qui les a imaginés…


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Extrait Long
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Un bon quart d’heure plus tard, nous contournons l’Arc de Triomphe, en slalomant pour éviter les autos tamponneuses. Direction, place de Mexico, rue de Longchamp, avenue Raymond- Poincaré. Se garer dans le coin n’est pas une sinécure. Le moindre centimètre d’espace libre est encombré de véhicules et de motos. Et dès qu’une place éventuelle se présente, une profusion stupéfiante de panneaux y interdit tout stationnement. Je n’avais jamais remarqué autant de panneaux comportant autant de menaces. Pas un seul parking, mais je croise des contractuelles qui arpentent les rues, collant des PV sur les pare-brise Après un long pâté d’immeubles avalé lentement, je tourne à gauche dans l’avenue Poincaré où la circulation est encore plus dense. J’avance au pas sur six rues puis tourne à gauche rue Saint-Didier. Le vent qui s’engouffre par les vitres ouvertes m’empêche d’entendre Adrien qui se répand en homélies. Faute de mieux, je stationne sur le bateau d’une porte cochère…
Baissant la vitre, je laisse mon regard courir le long de la rue Saint-Didier. Dans un sens, puis dans l’autre, en formant le voeu que la concierge surgisse de sa loge, qu’elle apparaisse et dise quelque chose, n’importe quoi, qu’elle dise : « Oups ! C’est ici. »
Pendant un instant, je retiens ma respiration. Un triangle de ciel bleu apparaît parmi les nuages au-dessus de l’immeuble côté pair. Juste en face de l’entrée, dans un rai de lumière, il y a un homme âgé qui manipule des poubelles. Il mastique un chewing-gum gigantesque à en juger par la vigueur et l’amplitude mandibulaires auxquelles cette mastication le contraint.
Je l’interpelle :
— Bonjour.
Il lève la tête.
— Bonjour, répond-il d’une grosse voix caverneuse.
— Vous êtes le concierge ?
Il fait non de la tête et empoigne une poubelle.
— Elle est à l’intérieur ?
Il lève les yeux vers moi.
— Chais pas.
Cette réponse érudite s’accompagne d’un haussement d’épaules tandis que la bulle crève sur sa bouche.
Devant nous se dresse un immeuble en brique, sans aucun intérêt architectural et franchement hideux, avec ses commerces. Une triperie, une cordonnerie et un marchand de couleurs, ce n’est pas top, même en tenant compte de son environnement. L’entrée se fait sous un porche en rotonde qui donne accès à trois courettes. Au milieu, une loge minuscule se dresse en épi, comme pour affronter des locataires hostiles. Cet endroit ne doit jamais recevoir la lumière du jour, il y règne en permanence une sorte de crépuscule où flotte une légère odeur de soupe à l’oignon…
[...]