Adam et Eve, un désastre programmé (1)

(en avant première, voici un premier extrait du prochain livre de Pascal Kretchner)


...

- Tu veux vendre des costumes à crédit ? Demanda Samuel, peu convaincu. 

Il ne put s'empêcher de sourire ironiquement devant l'absurdité de cette idée. 

- Mais le crédit papa, c'est surtout adapté pour l’immobilier, comme les pavillons, les appartements, les fonds de commerce, à la rigueur les voitures, mais, pas pour des vêtements.

Mon père le regarda sans cesser de sourire.

- Tout va bien se passer, Samuel. Je ne vais pas entrer dans les détails. On va faire comme Dufayel avant la guerre dans leurs magasins. Ils vendaient des vêtements de travail aux ouvriers qui remboursaient en douze mois.                

Mon frère se tourna vers moi et me chuchota à l’oreille.  

- Décidément, le père a un problème difficile à saisir, c'est de plus en plus chiant.

-Tu crois? Rétorquais-je, la main devant la bouche, qu'il y a une saison particulière, ou une période du mois, ou je ne sais quoi, pendant laquelle papa a plus d'idées que le reste du temps ?

Autour de nous, indifférents aux bruits de la circulation, des discussions s’échangeaient, les consommateurs se parlaient, se racontaient des histoires. L'ambiance était animée, chaleureuse, joyeuse. Comment ne le serait-elle pas, le cauchemar de l'occupation n'était plus qu'un mauvais souvenir. 

Les promeneurs sur le boulevard Saint-Martin découvraient, toutes sortes de commerces - des librairies, des magasins de farces et attrapes, des boutiques de prêt-à-porter, des théâtres, mais, surtout, surtout des débits de boissons !

Et dans ces établissements, un choix illimité. Du vin, à emporter, à consommer sur place. Le bougnat voisinait avec le savoyard, lequel côtoyait  l'italien, le grec, le breton et son cidre. Les nations unis de la picole.  

Et si cela ne suffisait pas, on pouvait arroser son sandwich avec du pinard aux robinets des bars à vins, à moins de faire un tour chez l'épicier africain pour siffler un Baou-baou. 

Mon père disait que l'on s'enivrait rien qu'en passant sur cette portion du boulevard.

Le samedi la clientèle bruyante du café Métro se composait en majeur partie de "Greeners "

D’après les ont dits, ce substantif leur était attribués pour deux raisons en particulier. D'abord parce qu’ils avaient débarqués en France après la guerre et de ce fait, considérés comme des «Bleus». Ensuite, pour les vareuses de couleur vertes qu'ils avaient revêtus dans les camps nazis, à leur libération.

«De Bleu, en passant par Vert, pour arriver à Greeners» c’était  tellement tirés par les cheveux que ça pouvait être vrais. Les "Greeners" se retrouvaient donc, ici, tous les samedis, pour boire du thé, grignoter des tartines beurrées, manger des strüdels aux pommes, des gâteaux aux fromages et surtout, pour taper le carton, dans des parties de belotes interminables au fond de l’arrière salle enfumée. Autour des joueurs, les tables voisines étaient inoccupées, et formaient une espèce de périmètre de sécurité d’un rayon de deux mètres. Des clients de passages pénétrant dans le café, se poussaient du coude en les montrant du doigt avec amusement.

Mais le café Métro n’était pas toujours enveloppé de ces brumes nostalgiques. Il y avait aussi les piliers de bar, les emmerdeurs, les feignants et les tapeurs de toutes sortes, et des épouses désœuvrées qui papotaient et médisaient. Arnaqueurs et arnaqués se côtoyaient régulièrement le samedi, autour des tables et du comptoir.


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1 commentaire:

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